Association01
L'orgue
Joseph Merklin

Joseph Merklin

Il est fréquent de comparer voire d’opposer deux facteurs d’orgues quasiment contemporains, Aristide Cavaillé-Coll et Joseph Merklin qui furent à maintes reprises concurrents pour de nombreux projets de la seconde moitié du XIXe siècle.

Durant des décennies les qualités des facteurs d’orgue du XIXe siècle ont été injustement négligées, qu’il s’agisse de l’esthétique ou de la richesse patrimoniale de leurs instruments. Parmi eux, Joseph Merklin a joué un rôle majeur en tant qu’expérimentateur de nouvelles techniques et pédagogue convaincu ; ce facteur d’orgue mérite une place particulière dans l’histoire de l’organologie puisqu’il laisse une œuvre immense avec plus de 400 instruments construits ou restaurés en 55 années d’exercice dans 26 pays et sur 4 continents !

Puis il a fondé et dirigé deux importantes manufactures à Paris (ancienne manufacture Ducroquet, successeur des maisons Daublaine et Callinet) puis à Lyon où il s’installe en 1872, 11 rue Vendôme. Naturalisé français en 1875, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre pontifical de Saint-Grégoire-le-Grand.

Il est à Lyon associé à sa fille Marie-Anne et à son mari Charles Michel auxquels il ne fera jamais vraiment confiance, à tel point qu’il quitte Lyon en 1894 pour se consacrer à sa manufacture parisienne dénommée “J.Merklin & Cie.”, laissant la manufacture lyonnaise à sa fille et à son gendre non sans leur interdire l’usage du nom de Merklin.

Rien n’y fit cependant car le couple signa ses réalisations Ch. Michel – Merklin puis, après la fusion en 1905 avec Kuhn, les productions furent signées Michel-Merklin & Kuhn.

Certaines modes et mises au goût du jour auront durant le XXe siècle dénaturé à Lyon certains chefs-d’œuvre de Joseph Merklin, toutefois l’orgue de la Rédemption, achevé par Charles Michel en 1899, respecte scrupuleusement les plans et harmonies de Joseph, ce qui sera d’ailleurs signalé lors de la réception de l’orgue en 1900.

Historique

Parmi les orgues symphoniques lyonnais, celui de l’église de la Rédemption joue un rôle majeur. Construit entre 1882 et 1899, il a été préservé de restaurations peu scrupuleuses.

En effet, l’orgue de la Rédemption se distingue par sa taille, son équilibre esthétique et sa polyvalence. De plus, il fut conçu et majoritairement monté et harmonisé par Joseph Merklin lui-même.

Intégrant certaines innovations techniques, cet orgue symphonique à trois claviers a privilégié une conception traditionnelle pour accroître ses possibilités expressives.

Il constitue un archétype des réalisations originales et remarquables de Joseph Merklin. L’orgue de la Rédemption se rapproche de la facture française romantique, mais présente une esthétique unique du fait de l’origine et de l’apprentissage germaniques de son facteur.

Il peut aussi bien servir les musiques symphoniques françaises que le répertoire romantique germanique de Mendelssohn, Schumann, Liszt ou Brahms… Enfin, il convient de souligner son rôle pédagogique essentiel.

Sa restauration exemplaire et complète devra s’effectuer à l’identique puisqu’il s’agit d’une œuvre majeure. Elle constituera pour la Ville de Lyon l’opportunité de se réapproprier cet artisan exceptionnel et d’enrichir ainsi son patrimoine culturel.

En effet, l’orgue symphonique de la Rédemption bénéficie d’un rayonnement qui va bien au-delà des frontières de l’hexagone, car il a suscité, au fil des siècles, l’intérêt soutenu d’organistes du monde entier.

1878
1884
1894
1909-1919
1919-1931
1936
1950
1956
1975-1977
1996
2001-2006
2013
2015
2015+
La construction de l’église en 1868 est suivie dix ans plus tard de l’inauguration de l’orgue en 1878. Il est signé Joseph Merklin, paroissien de la Rédemption qui va réaliser bon nombre des chantiers d'orgues de la région Rhône-Alpes. En 1878, après l’ouverture de l’église au culte, ce premier orgue Merklin, placé dans le chœur, comptant 18 jeux dont onze réels sur deux claviers et un pédalier est inauguré.
Au début de l’année 1884, un orgue sans buffet est installé par Joseph Merklin, sur une tribune édifiée dans le transept nord de l’église. Les archives ne précisent pas si l’orgue de 1878 est alors réutilisé ou vendu, les divers experts penchent toutefois vers cette seconde hypothèse sans affirmer de certitudes.
Après le départ de Joseph Merklin à Paris en 1894, seuls manquent onze jeux, installés en 1899 par Charles Michel en même temps que le clavier de positif à traction électrique, année qui voit l’édification du buffet dessiné par l’architecte Brun.
L'instrument de 44 jeux, repartis sur trois claviers manuels et un pédalier, est inauguré par l’organiste titulaire, Daniel Fleuret, le 11 février suivant, en présence de Monseigneur Déchelette. En 1909, des travaux de relevage sont effectués par les établissements Michel-Merklin & Kuhn (MMK) et la soufflerie électrique est installée en 1919.
Un quintaton 16’ est ajouté au positif entre 1919 et 1931 mais hors boîte expressive.
En 1936, intervient la modification du positif. A l’occasion de travaux de relevage, et à la demande de Maurice Reuschel, alors organiste titulaire, la transmission électrique du positif est remplacée par une transmission mécanique avec machine pneumatique.
En 1950, l’agrandissement de la tribune est réalisé pour accueillir la chorale.
En 1956, un relevage est effectué par Michel-Merklin & Kuhn, qui au-delà de travaux de réparation (peausserie, mécanique ...) modifie quelque peu la composition, principalement par déplacement de jeux entre claviers, cédant au goût néo-classique du temps, ces modifications qui ne dénaturent pas outre mesure l’instrument sont heureusement réversibles.
En 1975, les travaux de René Micolle remettent en peau les soufflets des machines pneumatiques et remplacent les pleins-jeux de 1956 par des mixtures neuves, de plus grosse taille et de composition différente. L’instrument modifié est inauguré le 10 mars 1977.
Jusqu’en 1996 il n'y a pas eu de travaux significatifs réalisés mises à part quelques interventions ponctuelles. Une restauration de la mécanique du positif (de la machine Barker au sommier) a été fort bien réalisée par le facteur Paul Manuel en 1996, faute de moyens supplémentaires, pour pallier les nombreuses pannes de ce clavier.
La réfection de la nef de l’église a eu lieu en 2001, sauf à l’arrière de l’orgue dans le transept nord pour cause d’inaccessibilité. On a certes installé une protection efficace et étanche de l'orgue, mais malheureusement trop tard. Toute la restauration de la nef avait déjà été réalisée en produisant une poussière de pierre abondante et corrosive, qui a rendu l’instrument définitivement muet en 2006.
Un harmonium de simple facture fut installé derrière l’autel de l'église avant que l'AAOR décide en 2013 de l'acquisition d'un orgue de substitution. Ainsi fut installé dans le haut de la nef centrale, près du chœur, l’orgue Desmottes qui permet à la fois de poursuivre l’animation des liturgies et l’organisation de concerts.
L’orgue Joseph Merklin est classé en 2015 au titre des Monuments historiques par l’État sur proposition de la ville de Lyon et par arrêté du Ministère de la Culture et de la Communication. Cette distinction amène l'AAOR à exiger une restauration authentique respectant les plans initiaux de Joseph Merklin pour préserver son caractère initial et son intérêt spécifique.
Cette même année, l'AAOR organise dans l'église même une réunion du plus haut niveau avec la mairie du 6ème, l’adjoint au Maire délégué au Patrimoine, la DRAC, le conseiller technique auprès des Monuments historiques, la paroisse, l'organiste titulaire, pour définir la qualité des travaux nécessaires à la restauration. C’est sur la base de cet entretien que la nature, le coût, le financement et le délai des opérations ont été élaborés.

Le projet de restauration

Dans le cas d’un orgue protégé au titre des monuments historiques, les travaux de restauration sont placés sous la responsabilité d’un technicien-conseil agréé, maitre d’œuvre sélectionné par le maître d’ouvrage, la Ville de Lyon, à la suite d’un appel d’offres.

Le projet de restauration de l’orgue Merklin a fait l’objet d’une étude détaillée de l’expert en 2010, qui a été réactualisée par ses soins en 2016.

Cette expertise complète l’étude exhaustive réalisée par le facteur Paul Manuel en 1994 ainsi que la contribution de Michel Jurine, facteur d’orgues spécialiste de la facture Merklin.

La première étape d’une telle restauration consiste à définir le dernier état historique cohérent de l’instrument. Dans ce cas précis, plusieurs options sont envisageables :

  • Revenir à l’état initial de l’orgue Merklin en 1899
  • S’en tenir à l’état de 1936, fidèle aux plans initiaux de Joseph mais avec une traction du positif équipée d’une machine Barker à la place de la traction électropneumatique initiale peu satisfaisante.
  • Tenir compte d’ajouts postérieurs à 1936, notamment le plein-jeu mais avec une harmonie adaptée à l’esthétique Merklin.

A la suite de l’expertise d’Éric Brottier, il est proposé, non pas de revenir à l’instrument de 1899 qui impliquerait d’installer à nouveau une traction électrique du clavier de positif, mais à l’état de 1936 qui semble être le dernier cohérent et esthétiquement identique à celui de 1899. Il n’est toutefois, pas exclu de retenir certains ajouts d’interventions ultérieures et notamment un plein-jeu complétant le clavier de grand-orgue, que l’expert n’a pas été en mesure d’apprécier, mais dont l’actuel organiste titulaire, Denis Bordage, estime qu’il s’y intègre parfaitement. Ce plein-jeu serait alors disposé sur un sommier indépendant. Cet avis était partagé par Jean Boyer, ancien professeur du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon qui l’a régulièrement utilisé pour sa classe.

Cette restauration pourrait s’envisager en plusieurs étapes successives pour étaler les dépenses sur plusieurs exercices budgétaires, tant pour la Ville de Lyon (maitre d’ouvrage) que pour les mécènes et donateurs.

Toutefois, il faut noter que l’instrument devra être totalement démonté, y compris le buffet, pour permettre la restauration du transept nord de l’église.

Enfin, il parait souhaitable, tant pour des raisons esthétiques qu’acoustiques, de rétablir la tribune originelle de l’instrument dénaturée en 1950.

Coût, financement et délai

On ne saurait imaginer que les travaux de rénovation puissent débuter avant le bouclage financier et l’engagement de la Ville de Lyon, propriétaire de l’instrument. Le budget prévisionnel total, incluant l’option plein-jeu et la restauration de la tribune est de l’ordre de 1300 k€  (chiffres 2016 actualisés).
Le budget prévisionnel peut se décomposer comme suit :

0%
Restauration
900k €
0%
Option maintien du plein-jeu
25k €
0%
Option restauration de la tribune dans son état antérieur
220k €
0%
Honoraires maitre d’œuvre sur la partie orgue
80k €
0%
Honoraires maitre d’œuvre sur la partie tribune
22k €
0%
Soit un total d’environ
1300k €

RépartitionIl est autant prématuré que spéculatif d’avancer une répartition entre les différents acteurs.

Il est autant prématuré que spéculatif d’avancer une répartition entre les différents acteurs.

L’engagement de l’État, qui peut être important pour un orgue classé est néanmoins subordonné à celui des diverses collectivités locales : Région, Métropole, Ville de Lyon, cependant le recours à d’autres ressources : mécénat, public, association et financement participatif est capital.

La contribution de la municipalité, affirmée par son Adjoint à la Culture lors de sa visite en 2015, résiderait notamment dans la restitution de la tribune initiale, étant entendu que le démontage de l’instrument, compris dans le devis de la restauration de l’instrument, doit lui permettre d’achever en outre la rénovation du transept nord.

Même si la restauration de l’instrument implique un budget conséquent, la valeur patrimoniale de l’orgue de l’église de la Rédemption ainsi que ses qualités techniques et musicales justifient largement cet investissement.

Les deux instruments de Saint-François de Sales et de la Rédemption, une fois restaurés, permettront une remarquable comparaison, dans le cadre lyonnais, des conceptions sonores de ces deux grands facteurs du XIXe siècle.

Une telle opportunité constituera, à n’en pas douter, la base d’une action culturelle exceptionnelle qui ne manquera pas de susciter l’attention, non seulement du public lyonnais, mais également d’un public international, et notamment européen, asiatique et du continent américain, dont on connait l’engouement pour l’orgue symphonique français.

Ces deux instruments, une fois restaurés, permettront une remarquable comparaison, dans le cadre lyonnais, des conceptions sonores de ces deux grands facteurs du XIXe siècle.

Partant de J, date de conclusion du dossier et des accords sur le financement, un planning raisonnable serait le suivant (soit un total de 36 mois) :

Etape 1

6 mois

Démontage, conditionnement et stockage en atelier

Etape 2

6 mois

Destruction et restauration de la tribune

Etape 3

14mois

Restauration en atelier partie I

Etape 4

8 mois

Restauration en atelier partie II

Etape 4

8 mois

Remontage sur site et mise en harmonie

Partant de J, date de conclusion du dossier et des accords sur le financement, un planning raisonnable serait le suivant (soit un total de 36 mois) :

Etape 1

Démontage, conditionnement et stockage en atelier

6 mois

Etape 2

Destruction et restauration de la tribune

6 mois

Etape 3

Restauration en atelier partie I

14mois

Etape 4

Restauration en atelier partie II

8 mois

Etape 4

Remontage sur site et mise en harmonie

8 mois

Composition

de l’orgue Joseph Merklin en 1899

I Clavier de grand orgue
56 notes

Fonds

Bourdon 16’
Principal 16’
Montre 8’
Flute harmonique 8’
Bourdon 8’
Gambe 8’
Salicional 8’
Prestant 4’
Octave 4’

Jeux de combinaison et anches

Fourniture III-IV rangs
Bombarde 16’
Trompette 8’
Clairon 4’

II Clavier de positif expressif
56 notes

Fonds

Gemshorn 8’
Flute traversière 8’
Gambe 8’
Principal 8’
Flute octaviante 4’
Quinte 2’ 2/3
Doublette 2’
Quintaton 16’,
ajouté hors boîte entre 1919 et 1931

Jeux de combinaison et anches

Fourniture II rangs
Clarinette 8’
Trompette harmonique 8’
Clairon harmonique 4’

III Clavier de récit expressif
56 notes

Fonds

Flute traversière 8’
Rohrflute 8’
Gambe 8’
Voix céleste 8’
Flute d’écho 4’
Flageolet 2’

Jeux de combinaison et anches

Cornet V rangs
Trompette harmonique 8’
Basson-hautbois 8’
Voix humaine 8’

Clavier de pédale
30 notes

Fonds

Contrebasse 16’
Quinte 10’2/3 (résultante de 32’)
Octave basse 8’

Fonds empruntés au grand-orgue

Principal 16’ (P16 du G-O)
Soubasse 16’ (B16 du G-O)
Bourdon 8’ (B8 du G-O)
Violoncelle 8’ (G8 du G-O)
Octave 4’ (P4 du G-O)

Jeux de combinaison et anches

Bombarde 16’
Trompette 8’’

Pédales de combinaison

Fonds

Tirasse I / Tirasse II / Tirasse III
Appel II sur I en 8’ / Appel III sur I en 8’ / Appel III sur II en 8’ / Appel II sur I en 16’ / Appel III sur I en 16’
Tutti Anches I / Anches II / Anches III / Anches pédalier

Le Livre Disque

Le livre disque, comprenant une monographie, un CD de l’orgue Merklin et un DVD de présentation est disponible à la vente. Les bénéfices contribueront à la restauration de l’orgue.

Le nouveau site est en ligne !

N'hésitez pas à visiter, et à faire un tour dans la boutique.

Dimanche 22 septembre de 14h30 à 17h : Journée Européenne du Patrimoine


Ceci se fermera dans 40 secondes

Dimanche 22 septembre de 14h30 à 17h : Journée Européenne du Patrimoine


 

 

Ceci se fermera dans 0 secondes